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Photo du rédacteureric d'HEROUVILLE

L'or blanc de Munich

Lors de ma visite à la Manufacture de Porcelaine de Nymphenburg, en plein cœur de la Bavière, j’ai eu l’impression de remonter le temps.


Fondée en 1747, cette manufacture, l’une des plus anciennes d’Europe, m’a immédiatement fasciné par son ambiance intemporelle.



Ce qui m’a frappé dès le départ, c’est la manière dont chaque pièce est façonnée à la main : vaisselle, vases, figurines... Tout y est conçu avec un soin et une expertise qui se transmettent de génération en génération.



Une des particularités qui m’a été expliquée, c’est la richesse de leurs couleurs, élaborées directement sur place. Dans leurs laboratoires, ils peuvent créer jusqu’à 50 000 nuances différentes ! En voyant les maîtres peindre délicatement sous la glaçure, j’ai compris pourquoi chaque objet produit ici est unique. C’est plus qu’un simple produit ; c’est une véritable œuvre d’art.


Une Plongée dans l’Histoire du XVIIIe et XIXe Siècles


Au fil de la visite, j’ai appris que l’histoire de la manufacture est intimement liée à la Maison de Wittelsbach. L’Électeur Maximilien III de Bavière, à l’origine de ce projet, voulait renforcer l’économie locale en lançant des manufactures innovantes. C’est ainsi que, dès 1747, des ateliers de moulage et des studios artistiques ont vu le jour ici.



Ce qui m’a particulièrement captivé, c’est l’histoire de Francesco Antonio Bustelli, l’un des premiers sculpteurs invités à Nymphenburg. On m’a montré certaines de ses figurines inspirées de la Commedia dell’arte italienne, un pur délice rococo.



Plus tard, d’autres grands noms comme Dominikus Aulicheck et Johann Peter Melchior ont poursuivi cette tradition artistique, enrichissant les collections de figurines et autres créations raffinées.



Cependant, tout n’a pas toujours été rose. J’ai découvert qu’au XIXe siècle, la manufacture a traversé une période de crise. Privatisée, elle a dû se tourner vers la production de porcelaine technique et médicale pour survivre. Heureusement, la tradition artistique n’a jamais complètement disparu, et la vaisselle, entre autres, a continué à être produite, notamment pour des institutions religieuses et militaires.



Un Renouveau au XXe Siècle et une Manufacture Vivante


L’histoire de la manufacture m’a révélé un bel exemple de résilience. Au début du XXe siècle, Albert Bäuml, un passionné, a racheté l’entreprise pour restaurer sa splendeur passée. J’ai pu admirer des reproductions des figurines de Bustelli qu’il avait relancées à cette époque. De nouveaux artistes se sont également joints à l’aventure, apportant une touche Art nouveau qui a marqué cette période.



On m’a aussi raconté comment la Seconde Guerre mondiale a failli signer la fin de ce lieu magique. L’usine, utilisée à des fins militaires, a été bombardée. Mais heureusement, les trésors les plus précieux – moules et modèles antiques – ont été mis à l’abri. Après la guerre, la famille Bäuml a entrepris de relancer la production, redonnant à la manufacture son prestige d’antan.


Aujourd’hui, la Manufacture de Nymphenburg appartient au prince Luitpold de Bavière. Ce qui m’a impressionné, c’est de voir comment elle a su rester fidèle à ses traditions tout en s’ouvrant à la modernité.



J’ai découvert des collaborations avec des designers renommés comme Konstantin Grcic et Hella Jongerius. Le mariage entre techniques ancestrales et créations contemporaines est époustouflant.




En ressortant de la manufacture, j’avais l’impression d’avoir assisté à la fusion parfaite entre histoire, artisanat et art. Chaque pièce que j’ai vue ou touchée raconte une histoire, celle d’un savoir-faire préservé et renouvelé depuis près de trois siècles. Une visite inoubliable !


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